Le Petit Jacquot quitte le club

A Carrefour j'ai rencontré le petit jacquot au rayon droguerie.

-  Bonjour Petit Jacquot que fais-tu là ? 
-  Je viens d'acheter un balai, un balai avec un manche en bois.   
-  Pourquoi en bois ? 
-  C'est pour jouer au Quidditch.  
-  Au quoi ? 
-  Au Quidditch, tu ne connais pas, c'est normal en général les moldus ne connaissent pas le Quidditch. Demande à tes petits enfants, ils t'expliqueront.  
 -  Mais pourquoi veux-tu jouer au Quidditch ? 
-  Parce que je quitte le club de boules.

Devant mon air surpris il m'a expliqué. 

- Tu vois depuis que j'ai reçu la convocation pour la prochaine assemblée générale je me pose des questions. Tout le monde démissionne, c'est qu'il y a un problème. On dit même que c'est la fin du club. Et moi tu vois, je n'aime pas voir s’arrêter les choses que j'aime.

- Peut-être que certains pensent qu'ils en font trop et d'autres pas assez.-  Bien sûr, certains en font plus que d'autres. Certains au printemps désherbent, ajoutent du sable, tracent les terrains. D’autres font les achats et préparent les repas. D’autres s'occupent d’enlever les feuilles mortes avant de jouer et d’autres encore tiennent la buvette. Bref chacun fait en fonction de ses compétences, de ses capacités et du temps qu'il a à consacrer au club.  

Il a continué en me disant.

- Moi tu vois j'aime bien jouer aux boules. Je vais sans doute dire des bêtises par naïveté mais il y a plein de chose que j'adore. J'adore partager un moment avec mes partenaires. J'adore serrer la main de mes adversaires après un match, en leur adressant un sourire entendu. J'adore l'effort et la concentration nécessaire même si ils ne donnent pas les résultats souhaités. J'adore être au cœur de la partie même  si  je suis seul au moment de jouer. J'adore gagner mais pas "battre"  ou "écraser" l'adversaire. J'adore le hasard du tir. J'adore ne pas tout comprendre sur la trajectoire des boules pointées. J'adore la stratégie mise en oeuvre et les discussions sans fin qui en découlent. J'adore l' honnêteté quasi générale des joueurs et les chambrages bon enfant.

J'ai essayé de lui expliquer qu'il se trouvera bien deux ou trois personnes de bonne volonté pour maintenir le club en vie en attendant des jours meilleurs quitte à faire le minimum en assurant uniquement les relations avec la mairie et avec la fédération parce qu'il serait ballot de perdre la jouissance des terrains, du chalet et de tout le matériel accumulé depuis plus de 40 ans.
Mais je n'ai pas su être convainquant peut-être parce que je ne suis pas convaincu moi même.

En me disant cela, j'ai vu que le petit Jacquot était triste.   Triste de perdre ses illusions, triste de partir.
Et il m'a dit  :
-   Embrasse tout le monde pour moi.

On s'est serré la main en se disant au revoir. Je lui ai souhaité bonne chance et qu’il pouvait revenir quand il voulait.
Alors il a tourné le dos et il est parti sans se retourner.

Je crois qu'il avait une larme au coin de l’œil.