Le petit Jacquot : suis je un bouliste ?

Il y a un an je commençais à jouer aux boules. Depuis j'ai appris. Je sais maintenant à quoi sert la petite bille en bois de couleur. Je fais la différence entre un pointeur et un tireur et je connais le rôle de chacun. Mais suis je un vrai bouliste ? Suis je un bouliste reconnu par les autres boulistes. La rencontre avec St Georges va être un test, un test en vrai grandeur.

Pour commencer, je me suis habillé en bouliste. Les joueurs de Meylan ayant décidé de jouer avec leur maillot rouge, j'ai mis un maillot rouge. Pas un maillot rouge floqué avec le logo « AB Meylan » mais un maillot rouge tout de même. 

Il faut vous dire qu'à Meylan, les joueurs ont plusieurs maillots, un rouge, un gris, un noir et même un rose fushia. Le rose fushia c'est pour les finales. 

Quand les joueurs de Meylan préparent un concours, ils ont deux préoccupations majeures : Quel maillot ? Quel restaurant ?

Quand je suis rentré dans le boulodrome de St Georges, je me suis senti aussi à l’aise qu’un colombien traversant la douane de Roissy sa valise à la main. Les organisateurs m'ont adressé un sourire complice et bienveillant.  Je me suis senti soulagé et les parties ont commencé.

Heureusement, maintenant je connais les rudiments du jeu de boules, pas comme l'année dernière quand j'étais débutant et que j'étais obligé de demander si c'était à moi de jouer et où me placer. Ce qui faisait honte à mes camarades meylanais.

Je regarde le pointeur de l’équipe adversaire. Il prend sa boule, l’essuie, met un pied en avant et la lance. Maintenant c’est à mon tour. J’essaie de faire pareil mais je n’ai pas le bon timing. Inutile de vouloir copier, trop compliqué. Ce rituel doit être réservé aux joueurs d’un certain niveau. Minimum pointeur bac +5 en section sport-étude. Le trac s’est emparé de moi. Tous les joueurs font silence et se tournent vers moi. Ils vont s'apercevoir que je ne sais pas. Que je suis un imposteur. Ils vont crier “Regardez c’est un imposteur, dehors le faux bouliste” Dans un silence de mort, je lance ma boule. Rien ne se passe. Ils ne sont aperçus de rien.

A un certain moment mes partenaires se sont posés la question faut-il tirer ou pointer. Comme mon opinion n’avait pas d’importance je ne l'ai pas émise. Car mieux vaut ne rien dire et passer pour un imbécile que de l'ouvrir et ne laisser aucun doute sur le sujet. Je sais me tenir.

A un autre moment un joueur a dit " c'est une calamarmite ". C'était la première fois que j’entendais cette expression. Je n'ai pas fait la même erreur que l'année dernière, je n'ai demandé à personne de m’expliquer, aussi j’ignore toujours ce que cette expression signifie. Mais est ce important ?

A la fin de la partie je pouvais bomber le torse, une complicité me liait à tous ces gens, je me sentais fier de moi. Ça y est, j’en étais, j’appartenais à la communauté, je suis un bouliste. Un bouliste amateur certes mais je m’accroche. Un jour peut-être je passerai professionnel mais pour l’instant je reste à Meylan en attendant qu’un club plus huppé ou qu'un club qatari reconnaisse mes talents.

Bon, vous vous en fichez complètement de mes problèmes; vous êtes lecteur, pas psycho-thérapeute. Ce que qui vous intéresse c'est de voir des photos.

Comme Martine n'était pas là j'ai fait de mon mieux. C'est flou, je sais.

Martine, je crois que tu nous manques, reviens vite nous avons besoin de toi.



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